Dans mon tout premier article publié à la fin du mois de juin alors que j'étais à Chicago, je vous ai présenté Spartacus, mon Jeep Gladiator Overland 2022 acquis tout spécialement pour le voyage à The Gorge.
Dans ce billet, j'indiquais que je n'avais pas encore assez de kilomètres parcourus pour me prononcer sur la durabilité de mes sentiments pour ce véhicule. Je vous promettais alors de revenir plus tard avec mes commentaires.
Vingt mille kilomètres plus tard, me voici en mesure de vous en dire un peu plus.
Je dois vous avouer que de prendre la décision de quitter le confort d'un Grand Cherokee que j'avais beaucoup aimé pour aller me commander un Jeep Gladiator se traduisait un petit peu par un coup de tête. J'avais une aventure vers l'Ouest Américain sur la planche à dessins avec une route qui prévoyait passer par le Colorado et l'Utah. L'idée du Gladiator relevait beaucoup du fantasme de parcourir les sentiers hors route de ces régions mythiques bien plus que pour les raisons d'économie d'essence, de confort et de satisfaction à long terme. Je ne vous dis pas que je n'ai pas pensé à ces autres considérations, mais... j'ai mis le plaisir au premier plan, je l'avoue! J'avais un voyage à faire et j'avais envie de m'amuser.
J'ai donc commandé la bête en étant tout à fait consciente qu'il se pourrait qu'à la fin du voyage, je ne l'aime plus. Vu le prix de l'objet de mon désir, j'ai quand même réfléchi à mes options advenant que ça arrive: Qu'allait-il m'en coûter si je n'étais plus capable de le voir en peinture après mon retour et que je voulais ravoir un Grand Cherokee?
Si j'ai osé, c'est qu'un certain "timing" était favorable à mes folies. Les prix des véhicules usagers sont présentement très élevés. Les Jeep Gladiator quant à eux gardent particulièrement très bien leur valeur, probablement dû à une certaine rareté sur le marché. Alors je calculais que le risque n'était pas si grave à gérer. Si je souhaite changer mon véhicule aujourd'hui, je ne perdrai pas beaucoup. Mais... Est-ce mon désir, aujourd'hui?
Nahhhhh!
Non mais, sans blagues, même Gilles, mon vendeur chez Chaput Automobiles à Varennes n'était pas à 100% convaincu que ma lune de miel allait durer jusqu'au delà de mon voyage.
La Nana, elle débarque d'un salon roulant qu'est le Grand Cherokee et elle s'apprête à aller conduire cette chose sur l'autoroute pendant plus de 47 heures pour se rendre sur la côte du Pacifique puis refaire un autre 47 heures d'asphalte pour revenir.
D'un air amusé, il m'a regardée en me disant que ça lui fera plaisir de me vendre un autre véhicule à mon retour! Fort sympathique ce Gilles, il a fait preuve de justesse en me conseillant l'ensemble Overland plutôt que le Rubicon qui me plaisait beaucoup. En effet, c'est bien beau avoir un monstre de hors route, mais si 95% de mon utilisation doit se passer sur l'autoroute, aussi bien prévoir un minimum de confort dans ces conditions. C'est là que l'Overland vient rétablir l'équilibre.
Même si je choisissais un ensemble doté d'une suspension un peu plus confortable et de pneus de route, je demeurerai bel et bien avec un Jeep entre les mains et non avec un de ces VUS populaires de certaines marques japonaise qui ont un look, mais sont plus qu'autrement des "Civic" ou "Corolla" déguisés en 4X4.
En fait, loin de moi l'intention de dénigrer les marques japonaises, ces véhicules ont des qualités qui correspondent aux besoins de bien plus de gens que le Jeep Gladiator peut le faire. Pour monsieur et madame tout le monde qui vit au Québec, ce qu'on veut c'est une simple traction intégrale avec un minimum de consommation d'essence pour affronter nos routes durant l'hiver.
Si vous envisagez vous procurer un Jeep Gladiator simplement pour aller faire vos courses à l'épicerie ou pour voyager tous les jours pour le travail, réfléchissez-y bien: Votre carte de crédit risque de tomber en amour avec la pompe à essence et vous, vous allez manger vos bas.
Pour ma part, puisque j'ai la chance de travailler à tous les jours depuis la maison, mon véhicule sert presque exclusivement aux loisirs. Sans exagérer, durant l'automne et l'hiver, je me retrouve à faire un plein d'essence à environ tous les cinq et parfois même six semaines. Autrement dit, les fluctuations des prix de l'essence ne m'affectent pas beaucoup au niveau du budget mensuel. Si je l'utilisais de manière soutenue pour me rendre au travail à tous les jours, je tiendrais un tout autre discours.
À l'arrivée du printemps, je sors ma roulotte de l'entrepôt et mon véhicule se doit de la tirer partout où le vent m'amène et ce, jusqu'au début de novembre. Bref, même quand je n'ai pas de voyage de grande envergure de planifié, il me faut un camion avec une bonne capacité de remorquage. Un CRV, un RAV4 ou encore un Nissan Rogue ne me conviendra pas étant donné la nature de mes activités.
Oh, je pourrais rouler ma vie de tous les jours en RAV4 et avoir une Van plutôt qu'une roulotte me direz-vous! Oui! Mais Non!
Le van life est très en vogue, j'ai plusieurs amis qui sont tombés dedans comme Obélix dans la potion et je les comprends d'aimer cela. Les van, ça procure tout plein d'avantages très cool, incluant celui de parfois pouvoir dormir incognito sur la rue ou d'avoir toujours le frigo à portée de main. Mais personnellement, ce n'est pas le "setup" que je préfère selon mes goûts et mes besoins à moi.
D'abord, avoir une van, ça signifie avoir deux véhicules avec de la mécanique à entretenir. À moins que vous souhaitiez rouler dans votre van à l'année, même pour aller à vos rendez-vous et faire vos courses dans votre vie quotidienne... Si votre van sert exclusivement aux loisirs, ça signifie aussi deux véhicules à immatriculer à chaque année et à assurer. La roulotte aussi doit être assurée annuellement, mais pour bien moins cher qu'une van. Quant à son immatriculation, on la plaque une fois et c'est la seule fois où on paie jusqu'à ce qu'on change de roulotte.
Pour l'espace, je dispose du cargo de mon véhicule tracteur, ainsi que tout le rangement dans les coffres de la roulotte. Pour le reste, tout l'espace dans ma roulotte est destiné à mon environnement de vie. Le siège conducteur, la console, le tableau de bord, ça reste dans le Jeep, ça n'encombre pas mon espace vie à l'intérieur de la roulotte.
Et puis, rendue à destination, je détache ma roulotte sur un camping et je retrouve toute l'agilité et aussi l'économie d'un simple véhicule de promenade. Je n'entends pas la vaisselle brasser à chaque nids de poule ou lorsque je prends une courbe un peu serrée.
Comme vous l'avez peut-être lu dans mon dernier billet, je préconise les petites roulottes pour conserver une certaine agilité quand je dois m'arrêter un peu partout sur la route, ou pour faciliter les dodos parfois improvisés entre un point A et un point B. Mais contrairement à la philosophie "van life" j'apprécie les commodités et la quiétude d'un camping ou d'un State Park une fois à une destination où je prévois me poser un peu plus longtemps.
Bref, nous n'avons pas tous les mêmes goûts, les mêmes besoins ni les mêmes exigences. C'est pourquoi l'offre est si vaste dans le domaine du VR et c'est parfait ainsi.
Reste que au bout de cette réflexion, mes choix viennent avec la nécessité d'avoir un véhicule qui est capable de remplir la commande ET qui demeure agréable à utiliser dans ma vie de tous les jours.
Mon choix s'étant arrêté sur le Jeep Gladiator, dans quel état m'a t'on retrouvée à mon arrivée à The Gorge, 47 heures de route plus tard? Fraîche comme une rose!
La tenue de route du Gladiator n'a rien à voir avec ces "tape culs" qu'étaient les YJ, TJ et même Wrangler de premières générations. Son empattement le rend même plus confortable sur la route que les Wranglers de nouvelle génération qui ont pourtant subi beaucoup d'amélioration et sont eux aussi loin d'être les "tape culs" qu'on a déjà connu.
C'est certain que le Gladiator est avant tout un véhicule hors route, donc sa tenue de route sur l'asphalte ne sera pas aussi feutrée que celle du Grand Cherokee ou de tout autre VUS luxueux. Mais rassurez-vous, il se conduit tout de même très bien à une main, sans doute comme le l'ai dis plus haut, grâce à son empattement plus long.
Je n'ai pas lésiné sur les équipements, alors j'y retrouve toutes les commodités que j'avais dans mon ancien véhicule et même en mieux puisque ça vient avec les dernières innovations. Les sièges en cuir sont confortable, l'habitacle est somme toutes assez spacieux, de quoi y passer plusieurs heures pendant des semaines sans me mettre à maudire ce véhicule.
Qu'en est-il de la consommation d'essence? Bah... ça n'est pas une Toyota Yaris. Mais compte tenu des capacités de la bestiole, ce n'est pas si dramatique non plus.
Je vous dirais qu'au niveau de la consommation, j'ai fait un certain saut lors de ses premiers kilomètres. Il affichait alors une consommation entre 13 et 14 litres par 100 Km, à lège. Ça grimpait même parfois à 15-16 en ville. Aoutch!
On m'avait prévenue de ne pas me décourager, que suite au premier changement d'huile, la consommation allait redevenir beaucoup plus civilisée et ce fut bien le cas.
Sur tout mon voyage, ce qui inclue les portions conduites dans des plaines mais aussi la traversée des régions montagneuses, mon Gladiator a affiché une moyenne de consommation de 17.2 litres au 100 km quand il tirait la R-Pod et supportait mes planches à voiles ainsi que tout le poids de mes équipements de sports. C'est une très très bonne performance quand on pense que mon Grand Cherokee faisait le même travail au coût de 17.8 litres au 100 km, ce qui était déjà très bien. C'est aussi remarquable quand on pense que la majorité des VR ou même des roulottes se déplacent à des coûts dépassant les 21-22 litres au 100 km.
Sans la roulotte, sur la route, le Gladiator est capable d'afficher une moyenne de 10 litres au 100 km. Mais attention, vous avez vu sa forme, oubliez les courbes, il est carré et pas du tout aérodynamique. Pour réussir à maintenir une moyenne de consommation raisonnable, il y a des limites à ne pas franchir: Au delà de 107-108 km par heure, il se transforme en ivrogne, ça devient un ogre qui avale tout. Appelez ça comme vous voulez mais si vous lui imposez une cadence plus élevée, il se met à boire jusqu'à plus soif. Bref, il ne faut pas être trop pressé en Jeep Gladiator, autrement, le déplacement sera plus dispendieux!
Quant aux qualités hors route, elles sont indéniable et ce, malgré que j'aie choisi une version moins radicale que le Rubicon. Que ce soit au Colorado ou en Utah, à chaque fois que j'ai eu le plaisir de jouer avec la boîte de transfert, j'ai été impressionnée par la puissance de la machine. Même avec des pneus de route, en montagne j'avais l'impression qu'il se transformait en char d'assaut. Il va sans dire, en mode hors route, le Jeep m'a procuré vraiment beaucoup de plaisir et pourtant je ne l'ai pas poussé à ses limites autant que je l'aurais pu.
Au niveau de la fiabilité, à 20 000 km au compteur il est encore bien trop tôt pour répondre. Ceci-dit, la réputation du moteur Pentastar 3.6L n'est plus à refaire, donc pas d'inquiétudes à ce sujet. Selon mes lectures, c'est souvent au niveau de la corrosion que le Gladiator (et tous les Wrangler) éprouvent certaines difficultés. La conception des pentures externes des portières comprend l'usage d'acier et d'aluminium. Or, ces deux métaux lorsqu'ils sont en contact font une réaction chimique qui cause une corrosion. On m'a dit de m'attendre à ce que ces pentures soient remplacées en vertu de la garantie du fabriquant au moins une fois.
Au moment de l'achat, j'ai tenté de mettre les chances de mon coté en choisissant d'y faire appliquer le traitement antirouille à la paraffine. Jusqu'à maintenant, malgré quelques séjours au bord de la mer, je n'y trouve aucune trace de métal piqué par le sel, nulle part. Reste que, c'est vraiment après un hiver Québécois que je constaterai réellement si le traitement est efficace ou non. C'est une histoire à suivre.
À la célèbre question de Pierre-Yves McSween "En as tu vraiment besoin?" La réponse honnête à donner c'est "Non".
Maintenant que j'ai été honnête avec moi-même là dessus, la question que je me pose dès à présent est: "Continues tu d'avoir du plaisir à le conduire?" et la réponse est "Ouiiiiiiiii"!
Conséquemment, vous en avez pour quelques années à me voir au volant de cette bête "crackfire red" !
En musique, la nostalgie me ramène souvent à écouter Elbow et leur chanson "Real Life (Angel)". Cette chanson est revenue à mes oreilles maintes et maintes fois pendant mon trajet aller-retour à The Gorge. Mon souvenir le plus marquant avec cette chanson était sur la côte de l'Océan Pacifique, un matin tôt, entre les vagues, la brume et les éclaircies... On venait de me faire de la peine. Mais les paroles incitent à se recentrer, à aller de l'avant et à voir plus loin... On That Halleluja Morning!