Kraftwerk au Red Rocks Amphitheatre

 Ce matin je devais quitter Colorado Springs et revenir sur mes pas pour m'installer à Bear Creek Lake Park. 

En faisant le tour de la roulotte, je découvre que le tuyau d'eaux noires pendouille, le support de métal qui le fixait au châssis de la roulotte s'est cassé.  Il fallait que je fasse preuve d'un peu de créativité pour fabriquer un autre support et fixer tout ça avant de partir.  

Ça fait que j'ai passé mon petit matin couchée sous ma roulotte, la face collée sur mon tuyau à M...

J'ai déjà vécu des petits matins plus doux, disons.  Mais que voulez-vous, c'est aussi ça avoir une roulotte.  Je me disais tout de même heureuse d'avoir eu à faire cette réparation tranquillement sur un camping plutôt que dans un stationnement de Walmart ou pire, dans un Rest Area où des camions viennent me frôler sans cesse.

Une fois la réparation complétée, j'ai repris la route et j'ai pu m'installer à Bear Creek sur l'heure du midi.

Bear Creek Lake est considéré comme le meilleur camping à proximité du Red Rocks Amphitheatre.  Au delà du camping, il s'agit d'un magnifique parc qui inclue un lac avec plage de sable, une écurie, des sentiers de vélo de montagne et même un site de tir à l'arc.  Encore une fois, sur le camping, les terrains sont grands et espacés les uns des autres.  Pour ma part, je n'ai qu'un seul voisin et le bloc sanitaire est juste en face.  La grosse paix quoi!

Ce soir c'était le moment pour moi d'aller enfin voir Kraftwerk au Red Rocks Amphitheatre.  Au moment d'acheter mon billet au mois de décembre, j'avais hésité un peu.  C'est un groupe que je ne connaissais à-peu-près pas et dont la musique n'a pas été facile à apprécier du premier coup pour moi.  C'est en discutant avec mon ami Guy Tessier qui est un grand fan et qui avait déjà vu leur spectacle 3D que mon hésitation s'est dissipée.  C'est ainsi que j'ai osé me procurer mon billet.

Par dessus tout, mon désir était de vivre l'expérience du Red Rocks et pouvoir apprécier l'acoustique de renommée mondiale de cet amphithéâtre extérieur.  Finalement ce fut une bonne nouvelle que ce soit Kraftwerk qui se produise sur cette scène au même moment que je prévoyais passer par là.

Le Red Rocks ne m'a pas déçue!  L'ambiance était enlevante, l'acoustique était pour mes oreilles à la hauteur de sa réputation et que dire du cadre panoramique!

Kraftwerk quant à eux ont livré un excellent show.  Le groupe a reçu un accueil plus que chaleureux de son auditoire dès les premières notes de "Numbers".  La foule est restée debout pendant tout le spectacle, portant les fameuses lunettes blanches 3D, comme l'évoque le titre de ce spectacle.

Cet hiver, j'avais pris soin de me discipliner à les écouter à plusieurs reprises pour arriver à apprécier leur musique avant de venir à Denver.  Il m'a fallu effectivement plusieurs écoutes et j'ai fini par comprendre et apprécier.  Le spectacle a réussi rehausser encore d'un cran mon appréciation.  On réalise alors qu'il s'agit d'un groupe qui s'est montré incroyablement avant-gardiste pour l'époque où ils ont pratiquement inventé la musique par ordinateurs.  Avouez que dans les années 70, les ordinateurs n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui.  C'était palpable au Red Rocks ce soir qu'il s'agit d'un groupe de musique d'envergure et légendaire.

Guy, je te remercie chaleureusement de m'avoir convaincue que Kraftwerk était un show à voir!

Quant au Red Rocks, quelque chose me dit que j'y reviendrai un de ces jours.

Pour les curieux, ou même pour les fans finis, je suggère d'écouter "Radioactivity".  J'aurais pu suggérer "Computer Love" ou encore "Autobahn", mais celle-ci figure parmi mes préférées.

C'est looooiiiiiinnnn le Colorado!

Iowa et Nebraska, il semble que ça soit un mal nécessaire pour se rendre à The Gorge.

J'ai tellement vu de champs de blé d'Inde ces deux derniers jours qu'il est fort possible que je lève le nez sur la saison du maïs cette année.  De quoi faire une indigestion.

Avant de quitter la région de Chicago mardi matin, j'ai pris mon temps pour pouvoir profiter un peu du camping que j'ai beaucoup apprécié.  Si j'avais eu un peu plus de temps, j'aurais descendu mon vélo du support et j'aurais fait une ride.  Il se trouve qu'il y a un réseau de pistes de vélo de montagne annexé au parc et ça semble être très bien.

J'ai pensé à mes amis de Magog qui sont mes fidèles "partners" de vélo et de camping en VR... On aurait eu pas mal de fun ensemble là bas!

Je n'aurai peut-être pas le choix d'y retourner un jour, qui sait...  Qu'en pensez-vous les amis?

Il s'est avéré que j'ai bien fait de prendre du temps pour décompresser au camping puisque la route qui s'en suivait était longue et quelque peu éprouvante.  N'oubliez pas que je suis seule pour conduire, Skye est là pour me tenir compagnie mais elle ne prendra pas le volant!  

J'ai donc traversé Illinois, Iowa et un peu plus que la moitié du Nebraska mardi.  

En soirée, le Nebraska m'a rappelé des souvenirs.  D'abord Omaha où j'ai dû dormir à l'hôtel en 2016, puis York, où j'avais laissé ma "Grenouille" (le surnom donné à la première R-Pod).  J'ai même revu défiler le fameux "rest area" où j'avais découvert que j'étais en train de perdre une roue... Je me souviens m'être presque étouffée avec mon souper en voyant cela.

Je me suis arrêtée au rest area de Grand Island, NE pour y passer la nuit.  L'endroit était pas mal plein, mais j'ai trouvé un trou entre deux camions.  Malgré la fatigue et ma solitude, l'option d'y dormir était conditionnelle à réussir un stationnement en parallèle de ma roulotte entre ces camions. Pas mal fière de moi, j'ai reculé ça là les doigts dans le nez malgré l'étroitesse du couloir.  J'vous mets au défi les gars!

J'ai enfin réussi à stabiliser mes planches à voiles pour de bon sur le support.  D'abord, le support demande une certaine vigilance, certains boulons d'ajustements ont tendance à se désserrer pendant la route.  Pour l'instant j'y vois en les vérifiant à chaque plein d'essence.  Quand j'aurai l'occasion, je pense bien les enduire de produit "lock nuts" pour régler le problème.  Ensuite, ce qui m'a donné le plus de fil à retordre, ce sont les coussins protecteurs Dakine qui empêchent les planches de s'abîmer sur le support de métal.  Il s'agit de nouveaux coussins que j'avais commandé puisque la dimension des barres n'est pas la même que ce que j'avais sur mon précédent Jeep.  L'ennui c'est qu'ils sont faits d'un tissu en nylon plutôt glissant sur le métal et ils ont tendance à ne pas rester en place.  N'étant pas de nature patiente, devoir défaire les courroies, réinstaller les coussins et resserrer les courroies à chaque arrêt n'est pas une option.  Après plusieurs réajustements j'ai décidé de faire subir à ces coussins "La passe de L'Ours qui pue":  Je les ai collées aux barres avec du Alien Tape.  Fini!  Ça bouge pu!

L'entrée au Colorado a rimé avec changement de paysage, et c'était vraiment bienvenu.  Cet état m'a toujours attirée et jusqu'à maintenant je ne suis pas déçue.  Sur l'autoroute 76 j'ai d'abord traversé une région désertique pour ensuite voir se profiler à l'horizon les montagnes. 

J'ai continué mon chemin jusqu'à Colorado Springs où je souhaitais aller visiter "Garden Of The Gods".  Mon plan initial était d'aller porter la roulotte au Cheyenne Mountain State Park puis retourner sur mes pas avec le Gladiator pour aller faire ma visite.  L'épuisement et la motivation qui s'envolait ont changé le plan:  Voyant que je passais devant Garden Of The Gods avant d'atteindre le camping, j'y suis allée.  Avec la Roulotte.  Pis ma belle plaque du "Québette".  Au milieu des touristes qui prenaient des photos en se promenant en Segway,  L'endroit n'est définitivement pas "roulotte friendly".  J'ai tout de même réussi à la garer quelques minutes sur le bord du chemin le temps d'aller prendre quelques photos de la "Balanced Rock".  

Ça fait que, après avoir traversé en un clin d'oeil Garden Of The Gods, je me suis mise en direction du camping.  Ce State Park est absolument magnifique.  Les terrains sont immenses et éloignés les uns des autres.  Chaque secteur est à une hauteur différente dans la montagne, ce qui offre une vue imprenable sur la ville de Colorado Springs pour à peu près tout le monde qui s'y trouve.  Il y a également de jolis sentiers où aller me balader avec Skye, pour le grand bonheur de celle-ci.

Alors ce soir, c'est bercée par la musique de Peter Gabriel (Mercy Street reprise par Elbow) que je profite de cet endroit paisible et magnifique. C'est parfait pour récupérer de ces derniers jours de route intensive.

C'est parti et on commence par Chicago!

 Ça y est, j'ai fini par prendre le départ!

J'ai planifié ce voyage vers The Gorge, OR. il y a maintenant plus d'un an et voilà que je suis dans le concret.

Par le passé, je tenais un journal de voyage contenant photos et trames sonores que je transmettais à une liste de contacts par courriel.  Cette fois-ci je fais différemment.  Plutôt que de m'imposer dans la boîte courriel de mes amis, je rends disponible mon contenu ici et libre à ceux qui seront intéressés de me suivre.

Le but du voyage pour moi est principalement d'aller pratiquer mes sports favoris dans certains des endroits les plus mythiques de l'Amérique du Nord, mais il prendra aussi une saveur initiatique à mon esprit.  Les dernières années de ma vie ayant été éprouvantes, j'avais besoin de marquer une pause et faire une remise à zéro.

Quant à Skye, celle-ci a pour objectif principal de rester collée à sa maîtresse.  Elle en profitera certainement aussi pour renifler de nouvelles odeurs, faire la connaissance de nouvelles bestioles (pas de serpents à sonnette SVP) et faire du social de camping, sa spécialité.  Avec Skye, tout est si simple et joyeux.  Ce que je l'envie pour ça!

Il s'agit de mon deuxième voyage en direction de Columbia River Gorge, ou The Gorge pour les habitués.  J'y suis allée pour la première fois en 2016.  À ce moment je tirais ma R-Pod 2012 avec le Dodge Journey R/T 2011 que j'avais à l'époque.  Ce véhicule était tellement pas fiable et onéreux en frais de réparations que j'ai cru un moment qu'il ne réussirait pas à faire l'aller-retour sans tomber en panne... Et il est tombé en panne.  Mais finalement c'est la roulotte que j'avais dû abandonner au Nebraska sur le chemin du retour alors que le roulement à billes (bearing) neuf que je venais de faire installer par un professionnel au début de l'été a fait défaut et cédé, faisant complètement fondre l'essieu.  S'en est suivi une négligence catastrophique du transporteur qui devait me la ramener, ce qui s'est terminé au final avec une perte totale. Un événement quelque peu traumatisant.

Dès le retour au Québec, le Journey avait refait des siennes.  Complètement excédée je l'avais remplacé en quelques heures par un Grand-Cherokee Limited 2015 qui se trouvait là, dans la cour, dans ma face, au bon moment.  J'ai adoré ce véhicule.  Par contre il commençait à prendre de l'âge. Même si il ne m'avait pratiquement rien coûté en frais d'entretien depuis son achat, j'ai jugé bon d'entreprendre mon périple cette fois-ci avec un véhicule neuf.

À cet effet, j'ai le bonheur de vous présenter Spartacus, ma nouvelle monture qui se décline sous la forme d'un Jeep Gladiator Overland.  Je l'ai choisi à mon image:  Un peu rebel, avide d'aventure et de liberté.  Il va sans dire que le nom du plus célèbre des gladiateurs lui colle à la tôle.

La question est de maintenant savoir si je m'ennuierai de mon Grand Cherokee ou si la lune de miel se poursuivra au delà du voyage.  Je publierai un billet qui traitera du sujet quand j'aurai passé un peu plus de temps au volant de cette bête.  Pour l'instant, c'est encore le bonheur. J'adore le conduire et en plus, il tire la R-Pod comme un charme.

J'ai donc quitté Varennes dimanche le 26 juin et j'ai roulé jusqu'au Welcome Center de l'état du Michigan en passant par Sarnia.  Petite improvisation en chemin, j'ai fait un arrêt à Whitby près de Toronto pour dire bonjour à mon cousin qui habite là bas et que je n'avais pas vu depuis des années.  

J'ai fais mes premières heures de route avec une petite anxiété.  Tout d'abord, c'est la première fois que je quitte ma douillette maison pour aussi longtemps que trois mois.  Mon maximum jusqu'à maintenant était six semaines.  Et puis, le souvenir de l'abandon de ma roulotte au Nebraska lors du premier voyage me hantait aussi.  Par contre, au fur et à mesure que j'avançais, l'anxiété s'est estompée et j'ai repris le mode aventure qui me définit bien mieux.

J'avais regretté de ne pas m'être arrêtée à Chicago les deux premières fois où je suis passée à proximité.  Comme j'avais du temps, j'ai décidé de remédier à cela.  Pour se faire, j'ai réservé un terrain de camping à Bullfrog Lake Camp.  Sérieusement, si vous vous baladez avec une roulotte et que vous souhaitez visiter Chicago, je vous recommande chaudement cette option.  C'est absolument parfait.  C'est tranquille, c'est propre, c'est sécuritaire et c'est à seulement 40 minutes de Chicago (avec le trafic).  Ce soir pour revenir, ça m'a pris seulement 30 minutes.  C'est ainsi que j'ai laissé ma roulotte au camping et que je suis partie avec le camion pour aller passer la soirée dans la "Windy City".

Étourdie comme je suis réputée de l'être, j'ai fais une connerie qui aurait pu me causer de sérieux problèmes.  Ayant dû réajuster pour la énième fois l'appui des planches à voiles sur le support, j'ai laissé les clés du camion (et de la roulotte en même temps) sur le tonneau cover le temps de grimper pour faire les ajustements.  Skye était prête à partir, moi aussi, j'oublie que les clés sont là, je m'installe au volant et j'appuie sur le bouton de démarrage... Et ça démarre.  Rendue sur l'autoroute 55N direction Chicago, je me rends compte que les clés ne sont pas dans l'habitacle.  Ai-je besoin de vous décrire le feeling de panique qui a noué mon estomac?  J'ai pris la première sortie disponible et je me suis arrêtée dans une station service pour fouiller en profondeur... En prenant soin de ne pas éteindre le moteur car si je n'avais pas la clé, il ne redémarrerait pas!  En débarquant du véhicule, je vois immédiatement les clés sur le tonneau cover au dessus de la boîte arrière.  FIOU!  J'ai entendu dans ma tête les trois notes de l'annonce de Loto 6/49.  C'est quand même incroyable!

J'ai alors pu reprendre le chemin de Chicago et savourer ma soirée.

Le premier défi était de trouver un stationnement.  Pas question d'essayer d'entrer dans les garages vu la hauteur de mon camion avec les planches sur le dessus.  Je me suis dit qu'il valait mieux trouver un stationnement extérieur, mais où?  Finalement, la chance m'a menée au coin de Erié et Michigan où j'ai trouvé un des rares stationnement sur la rue avec paiement sur une borne de péage.  C'était parfait.

Chicago m'a littéralement émerveillée, quelle ville absolument magnifique.  En plus j'ai été étonnée d'y circuler en voiture avec autant de facilité.  On est loin de "Monstréal" et ses mille et uns cônes oranges.  Chicago est une ville propre, et ses rues sont en bon état.

De plus, bien que certains aient par bienveillance voulu me déconseiller de visiter ce qui était selon-eux la ville la plus criminalisée des États-Unis, cette croyance s'est avérée inexacte.  Après quelques recherches, j'ai découvert dans des statistiques datant de 2020 que la ville la plus dangereuse des États-Unis est Memphis, TN suivie de Detroit MI.  Chicago ne figure pas au palmarès des villes dangereuses, New York non-plus d'ailleurs, cette dernière étant plutôt reconnue pour être la ville la plus sûre du pays.

Il y avait une présence policière accrue au centre-ville.  Les policiers garaient des véhicules patrouille près des trottoirs, tout gyrophares allumés et se postaient debout à coté du véhicule, parfois à jaser avec des passants.  Ils étaient bien visibles et semblaient montrer une belle accessibilité auprès des citoyens.

J'aurais pu passer une semaine à Chicago pour tout visiter, mais comme je ne disposais que d'une soirée, j'ai restreint mes choix à ce que je pouvais faire en compagnie de Skye. Cela ne restreignait pas tant que ça les choix puisque c'est assez étonnant de voir à quel point les chiens sont bienvenus dans cette ville.

Ça a très bien commencé avec la croisière d'interprétation de l'architecture via les canaux du centre-ville.  Skye s'est super bien comportée, sa maîtresse était bien fière.  Sans farce, cette activité est un incontournable si vous comptez visiter Chicago. Cela donne un coup d'oeil différent de ce que l'on peut voir à partir des rues.  De plus, le guide nous donne une multitude d'informations intéressantes au sujet de l'histoire de Chicago et les choix architecturaux qui ont été faits avant et après le grand incendie de 1871.  Bref, à faire et même, à refaire.

La deuxième chose qui était en haut de ma liste à faire à Chicago était d'aller voir la fameuse "Bean" du Cloud Gate.  Chose dite, chose faite!  Je ne l'ai pas regretté non plus, d'ailleurs elle est bien plus impressionnante en vrai que sur photos.

J'aurais voulu aller me promener sur le Navy Pier, mais le temps m'a manqué.  Ça sera pour une prochaine fois.  Affamée, j'ai plutôt opté pour un souper sur la terrasse d'un resto (et avec Skye!).  Le hasard m'a conduite au Beatrix Restaurant and Coffee Bar.  Et le hasard a bien fait les choses, leurs Fish Tacos sont à se rouler par terre!  D'autant plus que depuis au moins deux semaine, je me nourrissais de manière plutôt approximative, stress et manque de temps ayant perturbé mes pauses repas.  Ce fut plus que satisfaisant d'avaler de la "vraie" bouffe!

De retour dans ma roulotte à Bullfrog Lake, ma pression redescend, je prends mon beat de vacances tranquillement.  Je me prépare pour une longue journée de route, on met le cap sur le Colorado et on mettra deux jours pour nous y rendre.